Mes filles sont nées prématurément
Mes filles sont nées prématurément
Etre enceinte de jumelles, c’est entendre continuellement que c’est moins fréquent d’arriver au terme de sa grossesse. J’avais conscience que je pouvais accoucher plus tôt que prévu (même si ma grande hantise était de devoir être déclenchée) mais je ne m’étais pas vraiment fait à l’idée de ce que cela représentait vraiment.

Ma naïveté face à la prématurité
Même en ayant perdu les eaux à 8 mois de grossesse, j’ai terminé ma valise (oui oui, le matin même …) en prenant le nécessaire pour 3-4 jours. C’est fou cette naïveté que j’ai eu. Le choc a été grand lorsqu’on nous a annoncé qu’on resterait en néonatalogie jusqu’à la date du terme, un bon mois (on ne sera restés que 3 semaines au final).
On s’imagine beaucoup de choses, puis on vit les événements (très) différemment
Je n’ai pas eu droit au peau à peau qui suit l’accouchement. Ces deux heures (voir plus) que me décrivaient de nombreuses mamans; avec ce temps, suspendu, rien qu’à nous quatre.
A la place, j’ai d’abord eu Ophélie sur moi quelques minutes, puis on me l’a prise pour que j’accompagne Olivia à sortir. Pour Olivia, c’était un autre scénario. Elle n’a pas respiré tout de suite, elle a été prise en charge par la pédiatre. Je la cherchais du regard parmi la sages-femme, les infirmières et la pédiatre, je ne sais plus trop, mais il y avait du monde dans cette salle d’accouchement. C’est quand je l’ai entendue pleurer que j’ai été soulagée. Mon bébé respirait. Seul. On me l’a montrée, très rapidement, avant d’emmener mes deux crevettes au service de néonatalogie. Maxime a suivi nos deux petites filles qui venaient de naître.
Après l’effervescence de l’accouchement, cette salle bondée, cette énergie folle, je me suis retrouvée seule. Seule dans cette chambre vide. Seule avec mon ventre vide, lui aussi. Mes bébés n’étaient plus dans mon ventre, et pourtant, je ne les avais pas encore dans les bras. Je devais attendre un peu, afin de vérifier que tout allait bien pour moi, que j’étais capable de me lever pour aller aux toilettes. Et après seulement, je pourrais les rejoindre. J’ai attendu. Je me suis changée les idées en appelant mes proches pour leur annoncer la nouvelle. J’ai regardé les photos et vidéos que Maxime m’envoyait du bout du couloir. Ça m’a paru tellement long.
Ophélie et Olivia sont nées prématurément. Leur plus grand défi a été de s’alimenter de manière autonome au sein. C’est difficile et fatiguant pour des crevettes de 1,7 kg et 2,2 kg de téter suffisamment et régulièrement.

Ces moments-là sont difficiles
Je pourrais vous parler des perfusions, lorsqu’il fallait repiquer parce que leurs veines étaient si petites que le pourtour gonflait.
Je pourrais vous parler des électrodes qui s’emmêlaient, des moniteurs qui sonnaient pour rien, de la précaution à prendre pour ne rien arracher chaque fois qu’on les prenait à bras.
Je pourrais vous parler de cette foutue balance avant et après chaque tétée. Du lait que je tirais qu’on devait donner « à la paille » afin qu’elles aient leurs quantités. Une fine sonde le long de notre petit doigt, avec Olivia et Ophélie qui tétaientt jusqu’à la dernière goutte.
Je pourrais vous parler des histoires des autres parents, ceux qui étaient là depuis plus longtemps, ceux dont les bébés avaient des complications.
Ce n’était pas ce qu’on avait prévu, mais voilà comment a commencé la vie de nos deux poulettes. Raccordées par des électrodes à des machines, séparées au départ dans leurs petits lits chauffés et se battant comme des championnes pour pouvoir quitter l’hôpital.

Les jolies choses à retenir
Heureusement dans tout ça, on peut aussi tirer du positif. Oui oui, même dans une situation de prématurité, il y a de belles choses à retenir. Déjà, nos deux bébés sont en pleine forme, elles évoluent très bien. Elles ont leur ventre bien rond, des petits bourrelets aux cuisses, elles se sont bien remplumées depuis leur naissance.
✨Olivia était en siège, ma pelvimétrie suggérait qu’à terme, elle n’aurait sans doute pas pu naître par voie basse.
✨ Notre séjour en néonatalogie, on l’a vécu comme une école des parents: on a appris à prendre confiance pour les manipuler, les changer, les laver, les positionner au sein.
✨ Chaque jour nous avions le passage du pédiatre, les infirmières étaient disponibles pour répondre à toutes nos questions.
✨ A part s’occuper des bébés (et avec une possibilité d’aide des infirmières), nous n’avions aucune obligation. Nous ne devions pas nous occuper du ménage, des repas,…

Si toi aussi on te parle de prématurité pendant ta grossesse, réfléchis, au fond de toi, si tu veux tout savoir, ou si tu préfères te laisser guider par le flow. Je pense que si nous avions fait une visite du service de néonatalogie, nous aurions été beaucoup plus stressés par tout ce qui nous arrivait. Etre dans l’ignorance nous a permis de vivre au jour le jour. Certaines personnes, au contraire, préfère « prévoir ». A toi de décider si tu as besoin d’entendre les scénarios possibles. Si c’est le cas, parles-en autour de toi : à des professionnels, à d’autres mamans qui ont vécu tout ça. Fais ce qui te semble le mieux, pour toi.
N’hésite pas à me laisser un commentaire ou à me rejoindre sur Instagram @doubleaventure. Je te partage notre quotidien et je suis beaucoup plus présente sur ce réseau-là.
A bientôt,
Noémie
Super article ! Quelle chance d avoir eu des jumelles 😍